Tout le monde, ou presque, porte des baskets. Appréciées autant pour leur confort que pour leur style, ces chaussures plus couramment appelées « sneakers » séduisent les hommes comme les femmes et même de plus en plus les enfants. En outre, toute la famille a pris l’habitude d’en porter, au quotidien ou seulement de manière occasionnelle.
Alors qu’il ne s’agit pour certains que d’un accessoire ayant une vocation purement fonctionnelle, pour d’autres, c’est un objet culte, issu de la pop-culture, qui puise sa force dans une histoire riche. Les modèles classiques que nous connaissons tous ont effectivement été portés par des sportifs avant d’envahir la rue au rythme d’un style musical émergent : le hip-hop. C’est par exemple le cas de l’incontournable Stan Smith d’adidas, de la PUMA Suede ou encore de la Nike Air Force 1.
L’influence du hip-hop sur l’histoire des sneakers
En collaboration avec le site spécialisé Sneaker Style, vous vous proposons dans cet article de découvrir comment ces trois modèles ont franchi le cadre du sport pour s’imposer dans la rue où elles sont devenues des icônes de la mode.
Adidas Stan Smith
On commence par la Stan Smith.
Sans doute la plus populaire de toutes les sneakers, la Stan a été imaginée en 1964 par Robert Haillet dans le cadre d’une collaboration initiée par la marque allemande. Tennisman professionnel français, Haillet s’est vu confié par Adolf Dassler, créateur d’adidas, la conception d’une paire de chaussures spécialement pensée pour le tennis. En rupture avec la toile traditionnellement utilisée à ce moment-là, celui-ci optera pour une finition en cuir souple. Ce n’est qu’en 1978 qu’adidas rebaptisera sa célèbre silhouette « Stan Smith », du nom du numéro un mondial de l’époque qui en devint l’égérie cinq ans plus tôt, en 1973.
Dans les années 80, le succès d’un autre modèle bien connu d’adidas, en l’occurrence la Superstar, contribuera à populariser la Stan Smith. En jetant leur dévolu sur la Superstar, les rappeurs du groupe Run-D.M.C. vont en effet faire basculer l’équipementier dans une toute autre dimension. Ses logos en forme de bandes verticales et de trèfle vont devenir des symboles du streetwear et ses chaussures de véritables classiques, à tel point qu’en 1990, la Stan fera son entrée dans le livre Guinness des records pour s’être vendue à 22 millions d’exemplaires dans le monde. Inutile de préciser que ce record a été battu depuis longtemps.
Parfois critiquée à cause de son omniprésence tant aux pieds des plus jeunes que des plus âgés, elle reste aujourd’hui une référence qu’adidas continue de décliner dans de nombreux coloris.
PUMA Suede
Créée en 1968, soit seulement quatre ans après la Stan Smith, la PUMA Suede n’a fait qu’un bref passage dans le monde du sport. Mais il fut suffisamment long pour qu’elle ait le temps de marquer les esprits et rester à jamais gravée dans les mémoires.
La même année, au cours des Jeux Olympiques de Mexico, les athlètes américains Tommie C. Smith et John Carlos vont utiliser la chaussure de PUMA comme un signe de contestation. Respectivement 1er et 3e de la très prestigieuse épreuve du 200 mètres, les deux coureurs monteront sur le podium le point droit revêtu d’un gant noir tendu vers le ciel et la tête baissée, avec leur paire de PUMA Suede posée à leurs pieds. Bien qu’ils n’en faisaient officiellement pas partie, Tommie C. Smith et John Carlos deviendront suite à cet épisode des figures emblématiques du mouvement Black Power, et plus particulièrement d’une de ses mouvances les plus radicales, le Black Panther Party, dont le logo n’était pas sans rappeler celui de PUMA.
La PUMA Suede ne se retrouvera toutefois dans la rue qu’une dizaine d’années plus tard, bien aidée elle aussi par l’ascension du hip-hop. Les amateurs de breakdance, séduits par sa finition en cuir suédé personnalisable grâce à des lacets interchangeables, mais aussi et surtout par l’excellente adhérence de sa semelle en caoutchouc, vont l’adopter à l’unanimité. Elle composera pendant plusieurs années la touche finale d’un look typique caractérisé par des vêtements amples, choisis pour leur style autant que pour garantir une bonne liberté de mouvement.
Nike Air Force 1
Le hip-hop, la Nike Air Force 1 est née en plein dedans ! Celle qui porte le nom de l’avion présidentiel américain a néanmoins grandi sur les parquets de la NBA avant de se retrouver aux pieds de la plupart des rappeurs.
Imaginée en 1982 par Bruce Kilgore, la AF1 est la première chaussure de basketball de l’histoire de Nike à intégrer la technologie Air, synonyme d’amorti performant et durable. Inspirée de la cathédrale Notre Dame de Paris, sa tige montante en cuir viendra rapidement équiper six basketteurs majeurs de la NBA parmi lesquels figurait un certain Moses Malone, champion dès 1983 avec son équipe des Sixers de Philadelphie. Malgré sa cote de popularité, sur et en dehors des parquets où la demande devint très importante, Nike ne jugera pas bon de parier sur elle et décidera de mettre fin à sa commercialisation.
Face à un engouement resté fort, les responsables de 3 boutiques spécialisées de Baltimore se mobiliseront pour pousser la firme de l’Oregon à relancer la Air Force 1. Celle-ci répondra favorablement à leur demande en 1986 mais leur imposera un stock de 1200 paires de chaque couleur, un volume démentiel pour des indépendants. Celui-ci s’écoulera en seulement quelques semaines. Nike leur proposera alors un nouveau partenariat basé sur la fourniture de coloris inédits qui trouveront également tous preneur.
Elle fera son apparition dans la foulée aux pieds de plusieurs rappeurs dont Jay-Z, Kanye West ou encore Nelly qui lui déduira un titre au nom évocateur « Air Force Ones » en 2002.
On aurait pu évoquer beaucoup d’autres sneakers pour évoquer cette transition du sport à la ville. L’histoire des baskets des principaux équipementiers qui sont devenues des classiques de la mode streetwear est étroitement liée à la culture hip-hop. Cette relation est d’ailleurs toujours aussi forte actuellement comme l’attestent les collaborations récurrentes entre les marques et des artistes tels que Travis Scott pour Nike, Pharrell pour adidas, Big Sean pour PUMA et Machine Gun Kelly pour Reebok.
